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Accouchement en plateau technique - Témoignage du Papa

Photo du rédacteur: Camille Floderer Camille Floderer


Quelle chose abstraite qu'une grossesse. C'est difficile de se rendre compte et d'imaginer comment ça se passe dans le ventre de sa femme. Et pourtant, il va falloir y réfléchir quand même. La première fois qu'elle m'a parlé du plateau technique, ça m'a paru tellement loin !

Pourquoi déjà penser à l'accouchement aussi tôt ! Camille est ostéo, elle connait le corps, elle connait aussi son corps, je lui fais confiance je respecte son choix. Pas de peur ou d'appréhension; j'avoue que je suis rassurée par son métier.


Les rendez vous ont commencé au cabinet de sage-femmes. Tout ça est encore tellement abstrait. Au début j'ai l'impression de faire acte de présence. On se sent un peu plus impliqué dans les cours de préparation à la naissance, mais je n'en ai suivi que peu. Par contre, je n'en ai presque plus de souvenir aujourd'hui.


Le temps passe et le ventre a beau grossir et se déformer, pour l'instant tout est encore loin. Camille peine de plus en plus, elle a besoin de moi, les choses se concrétisent de plus en plus dans ma tête. 8 Mois. On sait qu'à partir de maintenant, bébé peut arriver n'importe quand, ça aide a réaliser, je lui parle de plus en plus, je cherche le contact de plus en plus.


Quelques jours avant, une idée me traverse l'esprit. Et si ça se passe mal ? Et si on me demandait de choisir entre elle et le bébé ? Je lui pose la question aussi, elle me répond que le choix m'appartient. C'est angoissant, mais ce bébé je ne le connait pas alors que ma femme si. Et que serait ce bébé sans sa maman ? C'est elle que je choisirai de préserver.


La veille du terme prévu, Camille se réveille en même temps que moi, qui me préparait à aller travailler. Ça commence. Elle m'invite à partir travailler quand même. Je suis sur le qui vive, le téléphone bien sur moi et mon chef est prévenu. On se donne des nouvelles régulièrement. le reste de la journée se passera "classiquement" jusqu'au soir. L'avantage d'être à la maison, c'est que je peux être dans mes habitudes pendant que le travail avance. Ce soir, elle calme ses contractions dans un bain, et moi je peux regarder Coluche.


C'est difficile d'imaginer la souffrance de sa femme. Mais je suis tranquille, Marion (la sage femme) vient d'arriver. Effectivement le travail a plutôt bien avancé, on en est à la moitié si j'ai bien compris, il va falloir y aller, le moment approche.


C'est assez rapide finalement, on arrive par les urgences, et on monte tout de suite. Le plateau technique est libre. D'ailleurs, c'est particulier comme salle. On se demande quand même si on est bien à l'hôpital. C'est assez loin de ce qu'on peut en voir à la TV (babyboom et autre programme). L'ambiance est presque à la détente si on exclu Camille gémissante pliée en deux.


Marion est partie presque 20 min qui ont paru très longues, pendant que le bain coulait. Pour le coup, quand elle s'absente, ça parait plus long, on est moins tranquille. Elle partait parfois par à coup, pas longtemps pour faire de l'administratif.


Camille est maintenant dans la baignoire. Elle tourne beaucoup. Ça a l'air vraiment compliqué... elle se met à chanter en soufflant, je ne sais pas quoi faire, c'est là que j'ai un peu regretté de ne pas avoir pu participer à plus de cours de préparation à l'accouchement. Marion s'est approchée aussi, elle gère. Je reste collé à Camille une fois l'épisode passé, mais elle fini par me repousser. Je ne comprends pas, je ne sais pas quoi faire, je me sens complètement impuissant et inutile dans la situation...


Les choses stagnent... Un examen serait peut être utile pour savoir où elle en est ? Mais en sortant du bain, c'est le moment de rupture de la poche des eaux. Et c'est super odorant, on a beau être prévenu, ça n'en reste pas moins saisissant.


Au nouvel examen, le plus gros est passé. Le moment de pousser va bientôt arriver... Mais Camille s'endort.. Heureusement que je vois que ça n'inquiète pas Marion ! Sa présence est rassurante. De toute façon elle a besoin de ce repos. Elle est a travail depuis presque 24H maintenant. De se savoir aussi dans l'hôpital est rassurant aussi, en cas de soucis, il n'y a que la porte à passer !


Camille se réveille. Elle voulait accoucher debout ou accroupie, elle s'y tente, Marion se contorsionne pour s'adapter à cette position et respecter le projet de naissance. Moi je ne reste jamais loin, je la papouille, la câline, j'essaye de lui montrer que je suis là sans l'envahir. Je respecte aussi cet espace.


Au bout de plusieurs tentatives infructueuses, Marion propose une autre solution pour rendre la poussée efficace, ça se passe sur le dos. La banquette basse me permet d'être à la tête, ce qui me permet de voir quand même ce qui se passe plus bas, sans être directement de face même si ça reste très impressionnant. C'est pas très joli ...Mais la bonne nouvelle, c'est que je trouve un rôle actif, je vais aider bébé à ne pas remonter entre les contractions. Je maintien le ventre.


Après un cri déchirant et une poussée de puissance phénoménale, voilà parmi nous "min tiot gamin" !! Quel bonheur ! Mais suivent le cordon et le placenta. On y touchera pas tout de suite...Après avoir laissé Camille maronné plusieurs semaines pour savoir si j'étais d'accord avec le prénom qu'elle a choisi, je tranche et c'est OK. Après presque une heure de peau à peau avec sa maman, le cordon a arrêté de battre, je peux enfin le couper. La texture est vraiment bizarre, c'est à la fois glissant mais résistant. Et à mon tour de profiter du peau à peau avec "min tiot gamin".


Vient le moment d'aller réaliser les soins. J'ai un peu peur au départ, c'est tout petit et fragile un nouveau né. J'ai peur de le casser, de lui faire mal. C'est très impressionnant de mettre le premier body .


Vient l'heure du retour rapide à la maison. là C'est un peu angoissant parce que c'était vraiment éprouvant. Un accouchement c'est très bestial en fait. Camille a mené un combat. Si toutes les armées étaient composées de femmes, ça fera bien longtemps qu'il n'y aurait plus de guerres.


Je la regarde, admiratif. je suis fier du combat qu'elle a mené. Nous rentrons à la maison, c'est à mon tour de porter tout le monde. Après ces 28H passées sans dormir, nous avons tous plongé dans un profond sommeil. Nous voici en condition pour notre nouvelle vie à trois !


Témoignage de Amour, recueilli et mis en page par Camille Floderer






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